cahier de doléances remis au rectorat

Cahier de doléances

adressé à Monsieur le Ministre de l’Education Nationale

 

 

Nous, parents, enseignants, élus, citoyens, réunis au sein des trois collectifs Sauvons l’Ecole Pour Tous du Haut-Rhin, de la Communauté Urbaine de Strasbourg et de la Vallée de la Bruche, déclarons être fondamentalement attachés à une école publique, gratuite, laïque, égalitaire et émancipatrice.

Nous avons organisé, du 31 octobre au 02 novembre, une marche de protestation contre la politique éducative du gouvernement.

 

 

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Nous constatons avec colère que les " réformes " structurelles et pédagogiques imposées par le Ministère de l’Education Nationale ne permettent pas de construire une école équitable, humaine et respectueuse de la jeunesse.

 

 

Les intérêts des enfants sont gravement bafoués :


par les suppressions massives de postes d’enseignants qui les conduisent à fréquenter des classes aux effectifs toujours plus chargés.


par la réduction du temps scolaire et la mise en place de programmes scolaires plus lourds qui imposent un rythme de travail préjudiciable à l’assimilation des apprentissages et contraire à toutes les recommandations scientifiques dans ce domaine.


par l’esprit des nouveaux programmes scolaires qui préconisent la répétition et l’appris par cœur au détriment de la recherche de sens.


par l’instauration des aides personnalisées, se déroulant massivement en fin de journée, ce qui conduit les élèves les plus fragiles, à l’épuisement psychologique et intellectuel.


par la disparition progressive des Réseaux d’aides  spécialisées aux élèves en difficultés, synonyme d’abandon de la prise en charge de la grande difficulté scolaire par l’école publique.


par la réforme de la formation des enseignants où la formation pédagogique ne sera plus qu’anecdotique.

  

 

Nous contestons et refusons :

 

Le fichage généralisé des enfants dans base élèves.


L’étranglement financier des associations complémentaires de l’école qui, depuis des décennies, agissent à nos côtés pour ouvrir culturellement le champ de l’école et pour aider les élèves les plus défavorisés.


Les entraves progressives et régulières à
la laïcité, telles que le droit octroyé cet été, aux instituts catholiques de former les enseignants.


Les faveurs régulières faites aux établissements privés, dont la récente la loi Carle qui instaure la parité de financement public-privé, mais pas la parité d’obligations.


La suppression de la carte scolaire qui, partout où elle a été mise en œuvre, a entraîné le renforcement des inégalités sociales par la fuite des élèves les plus favorisés et la concentration d’élèves en difficultés ou en rupture.


L’instauration des jardins d’éveil qui annonce l’abandon progressif de l’école maternelle publique.


La logique gestionnaire dans le système scolaire qui conduit à la création annoncée des Etablissements Publics d’Enseignement Primaire.


La culture de l’évaluation et le pilotage par la performance, préalables à la mise en concurrence des écoles. C’est l’illustration de la volonté d’introduire massivement les techniques de management dans les écoles. Les pratiques de l’entreprise privée sont inadaptées à l’intérêt public car soumis aux seuls intérêts économiques et n’obéissant qu’à des concepts de rentabilité. L’école doit former des citoyens et non des individus économiquement rentables. Une classe n’est pas une chaîne de production et un enfant n’est pas un produit manufacturé.


Le fait que les dépenses liées à l’école soient considérées comme des charges, et non comme des investissements.


Les orientations libérales qui, notamment à travers la Révision Générale des Politiques Publiques, visent à abandonner progressivement le service d’éducation à l’entreprise privée. Ce sont des choix de société profondément inégalitaires.

  

 

 

Nous demandons que le système scolaire soit pensé et organisé en fonction de l’intérêt de l’enfant :

 

Pour cela, nous revendiquons :

la levée des sanctions à l’encontre des enseignants qui sont entrés en résistance.


la suppression de la cellule de veille de l’opinion.


la remise en question totale des rythmes scolaires, avec des journées moins chargées et une meilleure répartition sur l’ensemble de l’année scolaire.

le retour aux programmes scolaires de 2002.


l'abandon des jardins d'éveil et une vraie réflexion sur la place et le rôle de l'école maternelle


l’abandon du projet de loi sur les EPEP.


l’abandon de la parité de financement public/privé avec l’abrogation de la Loi Carle.


la garantie de la gratuité de l’enseignement tout au long de la scolarité, y compris pour les études supérieures. Ce n’est qu’à cette condition que l’émancipation face aux déterminismes socio-économiques pourra avoir lieu car l’accès aux formations les plus valorisantes est actuellement verrouillé par l’argent.


que la France fasse valoir son droit de subsidiarité face aux directives européennes visant à instaurer une " économie de la connaissance ". L’Accord Général sur le Commerce des Services, négocié dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce ne doit en aucun cas s’appliquer à l’éducation, qui est un droit et non un produit de consommation (article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme).

  

 

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Les collectifs " Sauvons l’Ecole pour tous " entendent œuvrer à la construction d’une éthique de la responsabilité en matière d’éducation se substituant à une logique socio-économique dont le seul objectif est la recherche du profit. L’école doit évoluer et se réformer en fonction des seuls intérêts de la communauté humaine et de son avenir, selon des considérations de justice et d’équité.

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