Editorial

Avril 2012, le collectif SEPT sort sa 6e lettre d'information. Un hasard ? Certainement pas. Une volonté de dire ce qui préoccupe toujours les amis de l'école publique : suppression de postes et de la formation des enseignants, prise en charge aléatoire des élèves en difficultés, stigmatisation, évaluations à outrance, fichage des élèves, dérive managériale, programmes plus chargés avec des horaires réduits, rythmes scolaires inadaptés, … .

Avant les élections présidentielles de 2007, nous avions organisé des élections dans ma classe de CM1 (travaux pratiques d'instruction civique).

Au préalable, chaque enfant avait écrit ce qu'il désirait demander aux candidats. La synthèse leur en avait été envoyée. Bien sûr il y eut des demandes matérielles du type, une piscine, mais beaucoup avaient souhaité que leurs parents soient plus présents à la maison.

Parmi les candidats qui nous avaient répondu aucun n'avait mentionné cette problématique du temps dans leur réponse.

Depuis 100 ans pourtant, certains gouvernements ont, par les actes, oeuvré dans ce sens. Souvenons- nous :

1900 – Alexandre Millerand inaugure un ensemble de lois : limitation du temps de travail à 12h par jor, repos hebdomadaire, retraites.

1936 – Le Front populaire avec Léon Blum instaure la semaine de 40 heures et l'octroi de 15 jours de congés payés.

1982 – Le gouvernement de Pierre Mauroy diminue à 39 heures la semaine de travail pour les salariés et généralise la 5e semaine de congés payés.

1998 – La loi sur les 35 heures de Martine Aubry est adoptée.

Le vent change de sens à partir de 2007, on nous propose de travailler plus pour gagner plus.

Et les besoins des enfants, qui s'en préoccupe ?

Les parents ne sont-ils pas les meilleurs passeurs de valeurs ?

Leur présence auprès des jeunes, n’est-ce pas une vraie question de société ?

Que seront les adultes de demain s'ils se construisent aujourd'hui devant la télévision et les valeurs véhiculées par celle-ci, ou dans la rue, avec la loi du plus fort comme seule référence ?

Marie-Odile Rolling-Ganter